Une parenthèse en passant : c’était une époque où nos avantpassats (nos ancêtres) avaient
pour roi Philippe II (1556-1598). Celui-ci avait hérité de son père Charles-Quint du royaume
de Castille, du royaume d’Aragon (Catalunya, Rosselló, València), des Flandres, des PaysBas, du Luxembourg, de la Franche-Comté, du Milanais, de la Sardaigne, du royaume de
Naples, de la Sicile et du fabuleux Nouveau Monde. On avait là un empire d’une superficie de
60 fois la France d’aujourd’hui, la France contre laquelle d’ailleurs Philippe II combattait.
Marié à Marie Tudor, la fille du roi d’Angleterre, Philippe II, avec son éducation castillane,
religieuse, dure et intransigeante, était peu apprécié des Anglais, et juste toléré aux Pays-Bas
dont il était pourtant le souverain. Enfin, à la différence de son père, il ne parlait que la langue
castillane. Durcissant en outre ses relations avec le royaume Catalano-Aragonais tout au long
de son règne, il sera peu aimé des Catalans …
Du calendrier julien au calendrier grégorien :
Pour rappel historique, et en me résumant, le calendrier julien a été institué en 46 avant J.-C.
par Jules César, sur les conseils de l’astronome Sosigène, pour remplacer le système employé
à Rome et tombé dans un désordre extraordinaire. Cependant, au fil des siècles un retard
s’était accentué avec l’année tropique (temps séparant deux équinoxes de printemps), réglant
le rythme des saisons… Et c’est ainsi qu’arrivé au XVIe siècle, le décalage était de 10 jours environ.
Ce fut le pape Grégoire XIII qui, en 1582, établit notre calendrier actuel. D’une part,
pour rattraper le retard cité, il fut décidé que le lendemain du 4 octobre 1582 serait le 15
octobre. Et d’autre part, pour éviter de retrouver plus tard le décalage précédent, on garda le
principe antérieur (du calendrier julien) des années bissextiles avec millésime divisible par 4,
mais on supprima dans ce calcul les années séculaires qui ne sont plus considérées bissextiles,
sauf si le nombre de siècles est divisible par 4. Par exemple 1700, 1800, 1900 n’ont pas été
des années bissextiles, alors que l’an 2000 l’a été !
Dictons et proverbes indiquent l’ordre du temps et le rythme des activités de la vie dans les
campagnes. Mais malgré les efforts entrepris pour les mettre à jour après la réforme
grégorienne de 1582, ils sont restés inchangés, la Sainte Lucie en est ainsi un exemple.
Dia 13: Santa Llúcia, a La Bisbal, dotze dies per Nadal.
Festa Major de La Bisbal.
« Sainte Lucie, à La Bisbal, douze jours pour Noël », cela pour faire plaisir à
nos cousins de
Catalunya-Sud.
Després d’un dia, un altre en ve
« Les jours se suivent mais ils ne se ressemblent pas ».
Aussi pardonnez-moi d’avoir négligé de commencer par la Santà Bàrbara (la Festa
dels
Soldats del Foc) le 4 décembre. Souvenons-nous que l’on prie Sainte Barbe pour
se protéger
de la foudre, mais cette sainte est aussi la patronne des architectes, des
géologues, des
pompiers, des mineurs, des artilleurs, métallurgistes et autres corporations
liées au feu.
Dia 4 : Au dicton Només es recorden de Santa Bàrbara quan trona” (« Ils se
souviennent
seulement de Santa Barbara quand il tonne ») répond curieusement « Danger
passé, saint
moqué ». Il faut dire que le culte de cette sainte ne devait pas jouir en
France d’autant de
popularité qu’en terres catalanes…
Dia 25: Nadal de huit a huit dies i Pasqua de mes a mes, Carnestoltes moltes
voltes,
Quaresma no tornes més.
« Noël de huit à huit jours et Pâques de mois en mois, Carnaval beaucoup de
tours, Carême ne
retourne plus ».
Dia 25: Fins a Nadal, capa no en cal; i de nadal enllà, falta no en fa.
« Jusqu’à Noël, ne te couvre pas chez toi, et plus loin que Noël, faute ne fais
pas ».
Dia 25: Nadal, qui res no estrena res no val.
« À Noël, qui rien n’étrenne rien ne va ».
Dia 25: Nadal al balcó, Pasques al tió.
Expression bien connue, partout en France : « Noël au balcon, Pâques au tison
».
Dia 25: Per Nadal cada ovella al seu corral.
« Pour Noël, chaque brebis dans son enclos ». Ou encore on pourrait recommander
plus
prosaïquement Per les festes de Nadal tothom procura d'estar amb la família.
Pour les fêtes
de Noël tout le monde tâche d’être avec la famille.
Dia 26: Per Sant Esteve cada ovella a casa seva.
« Pour Saint Etienne, chaque brebis dans sa maison ». À l’identique de ce qui a
été dit
précédemment.
Dia 26: Per Sant Esteve, un pas de llebre.
« Pour Saint Etienne, un pas de lièvre ». En faisant référence à l’heure
solaire.
Dia 31: El qui treballa el dia de cap d'any te treball tot l'any.
« Celui qui travaille le Jour de l’An travaille toute l’année ». Un mode
d’emploi sans doute
contre la crise du chômage…
Dia 25: Si cada dia fe festa i Nadal de mes en mes i Pasqua cada setmana i la
Quaresma
mai vinués !
« Si chaque jour tu fais la fête et Noël de mois en mois et Pâques chaque
semaine et le
Carême jamais n’est venu ! ». Se dit seulement à quelqu’un qui se plaint sans
trop de raison.
Sans oublier :
Desembre nevat, bon any pel blat.
« Décembre neigeux, bonne année pour le blé ».
Ainsi que :
Nit clara d'hivern, a l'endemà dia d'infern.
« Nuit claire d’hiver, au lendemain jour d’enfer ».
Et pour finir, une expression :
Durar de Nadal a Sant Esteve = « durer très peu ».