Il était une fois, en Pays Catalan, au cœur des Aspres sauvageonnes, la Laurette, une vieille bergère catalane, qui depuis la nuit du temps, gardait son troupeau du côté de Castelnou…. Malgré les caprices de Mars, elle avait réussi à préserver du froid tout son troupeau, brebis et agnelets. Aussi, en cette fin de Mars, la Laurette n’était pas peu fière et heureuse que l’Hiver soit enfin terminé ! Un beau soleil hardi lui prodiguait une bienfaisante chaleur… Soudain, allez savoir pourquoi ! Dans un excès d’enthousiasme, elle se mit à injurier le mois de Mars… A haute voix goguenarde elle s’exclama arrogante en Catalan, bien sûr :
A pesar de mars tant capritxós hé preservat i criat tots els meus anyels.
Seulement Mars entendit ses propos, vexé et courroucé il s’empressa de demander au mois d’Avril de lui prêter ses 3 premiers jours :
» Gentil avril, prête-moi un jour, prête-moi deux jours, prête-moi trois jours et celui qui me reste feront quatre car je veux de tous les agnelets de la vieille de mort raidir les pattes.«
Ainsi fut fait : Avril cédant aux suppliques de Mars lui prêta ses trois premiers jours. La Tramontane se leva en rafales puis en tempêtes violentes, conjuguées à la grêle, au froid… Un temps épouvantable ! Tous les agnelets du troupeau de la vieille bergère périrent.
Certes, depuis ces temps anciens la rancœur de Mars s’est apaisée… Cependant, ces jours-ci, où que vous soyez en Pays Catalan, quand s’époumonera la Tramontane, prêtez une oreille attentive et vous percevrez, sans doute, la vieille Laurette geindre et pleurer son troupeau.