La tradition des herbes de la Saint Jean
Avant le lever du soleil, juste après la fête des feux, il est de tradition d'aller à la cueillette des herbes de la Saint Jean, tradition ayant quelque peu disparu mais qui depuis une dizaine d'année tend à reprendre vie. Dans un petit village du Roussillon, de nombreux groupes se faufilent dans les bois et les sentiers environnants à la lueur du jour. On dénombre près de 27 herbes dites "de la Saint Jean" mais ici on en cueille particulièrement quatre : l'orpin (poivre de muraille), l'immortelle (herbe de Saint Pierre), les feuilles de noyer et le millepertuis (herbe de la Saint jean). Ces plantes sont montées en bouquets, en croix ou en couronnes et mises au fronton des portes afin de "porter bonheur", c'est le bouquet de la bonne aventure.
Pour ce qui est des propriétés, elles sont de part les plantes elles mêmes, curatives et thérapeutiques, pour les brûlures et les plaies. Il était habituel, lors de la confection du bouquet de la Saint Jean, de remplacer l'ancien bouquet par le nouveau et de laisser macérer l'ancien bouquet dans l'huile d'olive. Cette macération servait tout au long de l'année pour les plaies ou autres maladies de la peau, autant pour les humains que pour le bétail.
 
La légende du bouquet de la Saint Jean (Jacint Verdaguer)
Dans un mas du 
Vallespir, il y avait une  jeune fille belle comme un bouquet de fleurs. Un 
jeune homme qui venait de trouver du travail aux forges de la Preste lui fit la 
cour et, bien que personne ne sache d'où sortait le galant, elle se laissa 
faire. Il commença par lui rendre visite à la sortie de l'église tous les 
dimanches après-midi, à l'heure de dire le rosaire. Puis, il alla la voir tous 
les jours, après le travail. Arriva la Saint-Jean et la belle, comme c'est la 
coutume, se leva de bonne heure pour aller chercher la Bonaventure avant la 
messe du matin. Se recommandant au saint, elle cueillit l'herbe qui porte son 
nom et, la tressant en forme de croix, l'accrocha à la porte de sa 
maison.
Revenant des matines, elle trouva le jeune forgeron au bord du 
chemin. Ce dernier lui fit la conversation et, accroché comme une ronce à son 
jupon, la suivit jusque chez elle. Elle entra dans le mas et, voyant que son 
soupirant restait dehors, elle l'invita à s'asseoir sur un tabouret qui se 
trouvait sur le pas de la porte. Il fit celui qui ne comprend pas. Elle le pria 
à nouveau d'entrer et, voyant qu'il n'en faisait rien, lui demanda 
pourquoi.
Il lui répondit qu'il y avait là, cloué à la porte, un bouquet 
d'herbes dont il n'aimait pas l'odeur. Alors, elle lui demanda son nom, qu'elle 
brûlait de connaître depuis plusieurs jours s'il le lui disait, elle 
décrocherait les herbes qui semblaient tant le déranger. Il répondit qu'il était 
le démon (que Dieu nous en garde), car il ne peut refuser de répondre à cette 
question.
Non seulement la belle n'enleva pas le bouquet d'herbes de sa 
porte, mais, qui plus est, elle raconta sa mésaventure à ses voisines. Depuis, 
on accroche le bouquet de la Saint-Jean à toutes les portes du 
Vallespir.